article_metroid2.jpg

Metroid Samus Returns : Retour de l’être aimé ?


25 ans après la sortie du jeu original, Nintendo nous propose de revivre l’aventure de Metroid II : Return of Samus à travers ce remake sorti le 15 septembre 2017 sur 3DS et développé par MercurySteam. Un grand retour pour l'héroïne Samus Aran qui, depuis Metroid : Other M en 2010, ne figurait qu’en guise de guest-star dans d’autres jeux de la firme au plombier comme Smash Bros.
Je dois bien avouer qu’à l’annonce de ce remake j’ai été assez sceptique. MercurySteam devait populariser sans doute l’épisode le moins connu de la série. Remettre au goût du jour un jeu riche et ambitieux mais limité par les capacités techniques de la Game Boy s’avère être une lourde tâche pour le studio espagnol. D’autant plus qu’il n’avait pas une grande expérience en matière d’action-plateforme 2D. En effet leur seul jeu du style était Castlevania: Lords of Shadow - Mirror of Fate sur 3DS, jeu dont les avis sont assez partagés. Nintendo a-t-il misé sur le bon poulain pour ce remake ?
 
Nous incarnons donc Samus Aran, chasseuse de primes, sortie victorieuse de sa mission sur la planète Zèbes, stoppant ainsi la menace des Pirates de l’espace voulant mener une guerre bactériologique grâce à une espèce extraterrestre appelée Metroid issu de la planète SR388. Suite à cela, la fédération galactique décide d’envoyer une sonde sur ladite planète afin de s’assurer qu’aucun d’entre eux ne soit encore vivant. Hélas, peu de temps après son envoi, la fédération perd toutes traces de la sonde, ainsi que celle de l’équipe envoyée après cette disparition. Ce n’est qu’après avoir missionné un groupe de forces spéciales qu’elle parvient à obtenir quelques données sur la planète avant de disparaître également, indiquant donc que les Metroid sont toujours en vie. C’est alors qu’ils vont engager Samus afin d’éradiquer l’espèce une bonne fois pour toutes.
 
intro Metroid Samus Returns - Zhato.fr
 
Le premier constat que l’on peut faire est que MercurySteam a fait un travail de très bonne qualité du point de vue artistique. Les décors sont assez jolis et fourmillent de détails. La musique quant à elle est assez discrète la plupart du temps, mais cela apporte un gros plus à l’ambiance du jeu. Son absence accentue cette tension à explorer seul une planète inconnue regorgeant de créatures mortelles, tandis que des morceaux bien plus pêchus et remarquables viendront agrémenter nos face-à-face avec les boss du jeu. Un gros travail a été fait sur la mise en scène. De l’introduction à la scène finale, le jeu nous propose plusieurs petites scènes renforçant l’immersion : que ce soit les scènes d’ascenseur rappelant celles des Metroid Prime (même si elles souffrent de quelques ralentissements), les quelques séquences surprises, ou encore les scènes suivant un contre sur un boss un peu à la manière d’un QTE (Quick Time Event).
 
Metroid Samus Return contre - zhato.frCe dit contre, qui est l’une des principales nouveautés apportées au gameplay de la série, va permettre à Samus de contrecarrer une attaque rapide d’un ennemi permettant ensuite de lui assigner quelques lasers ou missiles en guise de contre-attaque. Certes l’idée est plaisante et très bien mise en scène, mais je ne vous cache pas mon impression de “simplification” du jeu. Pour pas mal de boss, il vous suffira d’attendre le bon moment pour y glisser un contre et pouvoir lui placer une rafale de missile sans trop d’efforts. De même pour les ennemis de bases : entre le choix de devoir tirer jusqu’à une dizaine de fois sur un monstre pour le tuer ou bien d’attendre sagement de le contra-attaquer et le vaincre d’un seul coup, le choix est vite fait. D’autant plus que les récompenses seront plus grandes en procédant ainsi, notamment en Aeion, une énergie permettant d’utiliser des capacités tel qu’un scan des environs.
Et c’est bien là un reproche que j’ai pu faire au jeu : sa difficulté un peu légère à mon goût. Je dirais que l’ajustement de la difficulté a été fait essentiellement sur la quantité de vie des monstres et leurs dégâts. Certains pourront dire que si ce contre rend le jeu tellement facile, pourquoi je ne m’en priverais pas ? Principalement car les monstres du jeu sont de véritables “sacs à PV (point de vie)” ! Même en utilisant le contre, la plupart des combats de boss sont assez longs. Lorsque l’on affronte ces derniers, il s’agit davantage d’un marathon que d’un affrontement intense. Les patterns des boss sont assez simples à comprendre, de ce fait une fois ce pattern compris, il sera très aisé de perfect un boss, même les plus retors. Par contre, le moindre coup fait fondre votre barre de vie comme neige au soleil, ce qui ne pardonne pas beaucoup les erreurs. Il vous faudra donc une certaine endurance, certes pour réaliser des actions simples, mais sur un combat qui peut durer 4 à 5 minutes sans temps morts le risque de faire une erreur augmente avec la fatigue d’un affrontement trop long.
Metroid Samus Return cinématique - Zhato.fr
"Il est mort ?"
Le jeu consistant essentiellement à éradiquer l’espèce des Metroid implique tacitement qu’ils vont représenter la plupart de vos combats de boss. Une quarantaine est à tuer répartie sur plusieurs de leur stades d’évolutions. Ce qui fait que, mis à part un ou deux détail près, quasiment tous vos combats contre ces derniers se ressembleront. Les premiers affrontements d’une espèce seront plus difficiles car vous ne connaissez pas leurs comportements. Par contre pour les autres si vous avez bien saisi la façon de les battre, ça ne sera qu’un récital du même schéma que le combat précédent, d’autant plus que plus l’aventure avance et plus Samus gagne en puissance ce qui donne la sensation de juste écraser un pauvre insecte pour les espèces les moins évolués. Mais le rythme plutôt malin du jeu fera en sorte que ce soit juste à ce moment où une petite lassitude due à la répétition commence à se sentir, qu’un nouveau stade d’évolution ou nouvel ennemi apparaît.
 
Image dual screen Metroid Samus Return - Zhato.frD’un point de vue jouabilité, le maniement de la chasseuse de primes est globalement agréable et offre davantage de souplesse que dans les précédents opus 2D, particulièrement grâce à cette visée bien plus précise permettant tirer à 360° (auparavant la visée se faisait sur 8 directions). J’ai cependant pu noter quelques soucis d’ergonomie pour certaines choses, comme pour la boule morphing par exemple. Il existe bien un raccourci pour se transformer en appuyant sur l’écran tactile, mais avec positionnement des mains sur la console, l’accès n’est pas des plus instinctifs. Ce genre de problème peut paraître anodin, mais dans des moments d’urgences où la moindre erreur est punie sévèrement, ça l’est beaucoup moins. Il peut s’avérer très frustrant de se prendre un coup faisant extrêmement mal ou de mourir sur ce type d’erreur car madame n’a pas voulu se mettre en boule ou encore qu’elle n’arrive pas à enchaîner des sauts vrillés.  
Pour ce qui est de l’utilisation du double écran de la 3DS, celle-ci est très utile. Cela permet d’avoir en permanence la carte de la zone sur l’écran inférieur, ce qui évite de nombreux aller-retour dans les menus. Et cerise sur le gâteau, il est même possible de positionner des marqueurs sur la carte, très pratique dans un jeu du genre “Metroidvania”.
 J’ai parlé un peu plus haut des capacités utilisant de l’énergie Aeion, qui est un autre point sur le tableau des nouveautés. Il en existe quatre qui permettront de vous aider dans votre progression. La première est un scan autour de vous, révélant la partie de la carte du périmètre où vous vous trouvez ainsi que les blocs destructibles. Libre à vous d'utiliser ou non cette compétence qui est optionnelle pour continuer contrairement aux 3 autres.
 
Niveau durée de vie, celle-ci est un peu supérieure aux précédents épisode 2D. Pour ma part j’ai bouclé le jeu, en prenant mon temps, au bout de 9-10h en étant à environ 45%. La planète SR388 regorge de secrets qui vous occupera quelques heures supplémentaires si vous voulez le 100% (2-3h en plus pour moi), sans oublier le fait qu’une fois l’aventure terminé le mode Difficile est débloqué. Et comme à son habitude, le jeu possède plusieurs images de fins en fonction de votre temps, soit 3 par mode de difficulté.
Mais il reste un gros bémol au titre que j’ai beaucoup de mal à digérer : malgré tous vos efforts il vous sera impossible de débloquer tout le contenu présent sur la cartouche sans repasser à la caisse. En effet, le jeu est compatible avec les amiibo de la série Metroid, et ces derniers seront votre unique moyen d’avoir accès à tout, et je trouve ça vraiment scandaleux de la part de Nintendo (d’autant plus que, soit dit en passant, certains de ces amiibos sont très difficilement trouvables au prix “normal”). Dans ce que débloque les quatres amiibo, il y a notamment le mode Fusion (mode de difficulté ultime du jeu), mais aussi le SoundTest, des artworks et des bonus en jeu.
 
Samus Intro Metroid Samus Return - Zhato.fr
 
Pour conclure, ce remake de Metroid II : Return of Samus mérite son appellation. Il réinterprète habilement le jeu dont il est tiré, tout en approfondissant son univers avec des ajouts plaisants et cohérents, avec en plus quelques éléments dédiés aux fans de la série. C’est d’ailleurs ce que l’on pourrait retenir du jeu : il comblera tous les joueurs. Son accessibilité en fait un très bon épisode pour découvrir la série, tandis que les fans auront l’accès à un épisode clé de la saga dont ils n’ont peut être jamais pu jouer et qui est rempli d’intentions à leur égard, même si certains trouveront que le jeu ne leur pose pas de grandes difficultés (en mode normal tout du moins). Le pari est donc globalement réussi pour MercurySteam, qui avait là un dossier assez complexe et très surveillé par les fans tant les stigmates d’un certain Metroid Prime Federation Force restent présents dans leurs esprits. Retour réussi de Samus Aran, en attendant le futur et très attendu Metroid Prime 4.
 

Complément : certains pourront le noter, je n’ai pas parlé du Project AM2R durant cet article. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il s’agit d’un autre remake de Metroid II mais ici développé par un amateur, fan de la série, avec le moteur de Metroid Zero Mission.
Hélas le projet a été avorté en août 2016 par Nintendo qui ne rigole absolument pas avec leurs licences et condamne tout fan-games.
Difficile donc de ne pas comparer le remake de MercurySteam avec ce dernier. Mais je dirais que les deux sont complémentaires puisqu’ils fournissent chacun leur interprétation du jeu original, avec leur lot d’ajouts propres. Le premier tend vers plus d'accessibilité et une réalisation solide, alors qu’AM2R est un jeu créé par un fan et pour les fans mettant l’accent sur la fidélité et le respect de l’esprit de la série.  
Je n’aurais qu’un seul conseil à donner à ce sujet : si vous êtes fan de la série, jouez aux deux ! Je ne suis pas un grand spécialiste de la saga, mais j’ai ma petite préférence pour AM2R, mais ça n’engage que moi.

comment Commentaires


Soyez le premier à laisser un commentaire

Laisser un commentaire